
En salle le
5 décembre 2018
De
LOUIS CLICHY et ALEXANDRE ASTIER
Genre
Animation (1h25)
Distributeur
Pathé
À la suite d’une chute lors de la cueillette du gui, le druide Panoramix décide qu’il est temps d’assurer l’avenir du village. Accompagné d’Astérix et d’Obélix, il entreprend de parcourir le monde gaulois à la recherche d’un jeune druide talentueux à qui transmettre le secret de la potion magique.
100% inédix !
Alexandre Astier, créateur de l’hilarante série culte « Kaamelot », a osé imaginer une toute nouvelle aventure d’Astérix. Un pari aussi gonflé que totalement réussi !
Quatre ans après avoir écrit et coréalisé « Le Domaine des Dieux », qu’est-ce qui vous a incité à vous lancer dans un nouvel « Astérix » ?
Alexandre Astier : L‘autorisation de proposer une histoire originale. Le sujet du film est un peu tendu, car on y parle de choses qu’Astérix n’aborde pas forcément dans les BD. Il n’a pas de futur, la licence « Astérix » est fixée dans le temps, elle est éternelle. Le village résiste, les Romains attaquent, et la potion magique est toujours auve. Les aventures prennent corps à l’intérieur de cette structure. La question de ce qu’il adviendrait si Panoramix ne pouvait plus faire la potion n’avait jamais été abordée, et ça, je savais que ce serait difficile, car il ne suffit pas d’avoir une idée : il faut prouver que cela reste bienveillant vis-à-vis de l’esprit original, que c’est une belle aventure d’Astérix, que ça ne met pas des coups de pied dans les principes. Cela n’a pas donné lieu à des discussions âpres, mais à des échanges où je devais rassurer. Il fallait que le pitch n’effraye pas.
On connaît votre style d’humour grâce à « Kaamelot » et à vos spectacles. Comment êtes vous à imprimer votre griffe tout en respectant l’esprit et les codes d’Astérix ?
Je n’ai pas de technique particulière pour respecter les choses. Je ne ferais pas cela si je ne respectais pas déjà Astérix. Donc mon envie naturelle de raconter une histoire d’Astérix ne me porte pas à être iconoclaste. Je n’ai pas spécialement de plaisir à mettre des coups de pied dans les trucs. Ce n’est pas mon genre, et cela ne m’intéresse pas trop. Je n’ai rien à renouveler. En revanche, j’aime faire appel à ce qui me plaît chez Astérix depuis que je suis gamin et qui m’a toujours plu. Maintenant, comment être soi-même ? Je ne vais pas être quelqu’un d’autre. Quand j’écris, c’est moi, et cela se voit. Je n’ai pas l’impression que cela se marie mal. Je ne m’inquiète pas, en fait. Je fais les choses normalement, sans me forcer.
On dit toujours qu’un deuxième épisode doit être plus grand, plus fort, plus explosif. C’est vrai ?
Déjà, ça bouge ! « Le Domaine des Dieux » était un huis clos, tout se passait à côté du village, avec César qui venait y construire ses immeubles. Là, c’est une aventure qui pousse nos héros à aller chercher un candidat dans toute la Gaule. Il y a la notion de périple. Cela agrandit l’univers par rapport au premier. Je trouve aussi que l’animation est un peu plus belle, car on a avancé d’un cran, ne serait-ce qu’en technique.
Faut-il « lire » autre chose derrière les péripéties humoristiques ?
Pour moi, il n’y a pas de comédie sans drame. J’ai été élevé à cette école-là, j’y crois, et je continue. Cette histoire fait ressurgir plein de choses. Par exemple, une question : puisque Panoramix possède la potion magique, pourquoi ne sauve-t-il pas la Gaule entière ? Pourquoi la garde-t-il pour lui ? Il y a des peuples gaulois opprimés à travers la Gaule, on le voit dans les albums. On peut même faire des ponts avec l’arme nucléaire. Qui l’a ? Qui ne l’a pas ? Pourquoi ne faut-il pas que tout le monde l’ait ? Que se passerait-t-il si tout le monde s’en servait ? Il y a plein de trucs que ça a soulevés.
Roger Carel, la « voix » historique d’’Astérix, a pris sa retraite. Comment avez-vous trouvé son remplaçant ?
Ce n’est pas un chapitre chouette, évidemment. Il faut comprendre que quand Roger est venu prêter sa voix à Astérix dans « Le Domaine des Dieux », il avait déjà prévu de ne plus trop travailler. Il est sorti de sa retraite pour son ami Uderzo, je crois. Mais pour « Le Secret de la potion magique », il n’est par revenu sur sa décision. Pour doubler Astérix, je n’ai pas fait de casting : j’ai immédiatement pensé à Christian Clavier, mais pas pour « remplacer » Roger Carel car il est irremplaçable. Il fait « du Clavier », et c’est génial comme ça.
Avez-vous écrit en pensant à lui ?
Les dialogues, oui. Ses dialogues, c’est du Astérix/Clavier. Il y a des trucs qu’il fait sonner… Avec Roger Carel, je n’aurais pas dessiné les répliques de la même façon.
Avez-vous une réplique préférée dans ce second épisode ?
Je vais choisir une phrase du méchant. Sulfurix arrive dans la forêt des Carnutes et il commence à s’en prendre à tout le monde. C’est un druide qui a été banni depuis une dizaine d’années, il revient comme ça, on ne sait pas comment. Il dit aux autres : « Moi, si j’avais disposé d’une telle puissance [il parle de la potion magique], je ne l’aurais pas gardée pour quarante crétins à moustache, j’aurais arrêté toutes les guerres du monde. » J’aime bien ce que cela laisse au public. Ce n’est pas une blague, mais j’aimerais bien que les gens se disent : « Mais il a raison. Comment se fait-il qu’il n’y a que quarante mecs sauvés par la potion ? » Si des spectateurs se posent juste cette question, je ne serais pas mécontent de moi.
Comment vous êtes-vous divisé le travail avec le coréalisateur Louis Clichy ?
En gros, j’écris et je dirige les acteurs, et lui, il anime et met en scène. Sauf que j’ai un pied dans la mise en scène et qu’il a un pied dans l’écriture. Donc, on se dispute. Mais j’aime bien me disputer avec lui. En tout cas, je m’y suis fait.