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« Quand le public se déplace, c’est pour voir des choses spectaculaires » – Guillaume Canet

En salle le
1 février 2023
De
Guillaume Canet
Avec
Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel
Genre
Comédie (1 H 51)
Distributeur
Pathé
L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’État. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix.
Avec des moyens de superproduction, Guillaume Canet orchestre et réussit haut la main un gigantesque péplum comique.
Est-ce que les aventures d’Astérix et Obélix ont fait partie de votre enfance ?
Guillaume Canet : Totalement ! Mon père possédait presque toutes les BD d’Astérix et c’était d’ailleurs ses albums à lui, c’est-à-dire qu’il les lisait seul, au-delà de les partager avec mes sœurs et moi. Et c’est assez touchant aujourd’hui à mon tour de lire ses albums avec mes enfants. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis lancé dans ce projet : pouvoir enfin faire un film pour mes enfants, et pour tous les enfants…
À quel moment « L’Empire du milieu » est-il arrivé jusqu’à vous ?
À la base, je ne me voyais pas du tout faire ça ! Mais au fil de la lecture du projet m’est apparue la possibilité de faire un grand film d’aventures et de voyage… Assez vite, j’ai vu tout le cinéma que l’on pouvait amener à cette histoire, avec des batailles, des scènes d’action, de très grands décors : une épopée comme on n’en voit plus beaucoup en France. Une fois mon intérêt signifié, j’ai dû passer le test du réalisateur et montrer patte blanche ! À ce stade, j’ai découvert la première version du scénario écrite par Julien Hervé et Philippe Mechelen. Nous avons retravaillé ensemble, puis seul de mon côté car je voulais rendre le film plus personnel, en y amenant des choses de mon propre univers.
En plus d’avoir coécrit le film et de le réaliser, vous jouez le rôle d’Astérix…
Oui mais je ne voulais pas à l’origine ! Pour tout vous dire, lorsque j’ai développé l’histoire et les personnages, j’avais très envie de jouer César. Mais justement, en en parlant très en amont avec Gilles Lellouche, qui n’était pas encore pressenti pour jouer Obélix, nous nous sommes rendu compte que jouer à nouveau sur ce registre avec Marion Cotillard en Cléopâtre risquait de faire un peu redite par rapport à mon précédent film « Rock’n’roll ». J’ai alors pensé à Vincent Cassel avec qui je voulais travailler depuis très longtemps… Et là, je l’ai vu en César : c’est fou, il a totalement le profil du personnage de la BD. Finalement, le fait de ne pas jouer moi-même dans le film me semblait une bonne idée vue l’ampleur du projet. S’en suivent des réunions pour parler du casting et bien entendu des personnages d’Astérix et d’Obélix. Nous avons alors commencé à passer en revue les noms de plusieurs comédiens et à un moment, le patron de Pathé me dit : « Je ne comprends pas Guillaume, pourquoi ça ne serait pas vous ? C’est vrai quoi, vous êtes jeune, vous avez la patate, vous êtes le petit nerveux qui veut toujours avoir raison… Vous êtes parfait ! » Tout le monde a commencé à se chauffer sur cette idée autour de la table et moi je me disais : « Mais ce n’est pas possible : comment concilier un rôle aussi important tout en réalisant un film de cette envergure ? » J’ai alors compris qu’il fallait un couple d’acteurs amis pour jouer Astérix et Obélix, et c’est là où j’ai pensé à Gilles Lellouche pour Obélix.
Vous avez réuni un casting hallucinant. Comment avez-vous obtenu la participation du footballeur superstar Zlatan Ibrahimovic ?
Encore une histoire dingue… Au départ, je le contacte par l’intermédiaire d’un type qui s’appelle Bob et que j’avais rencontré à l’époque où il était au PSG. J’obtiens ses coordonnées et je lui laisse un message… C’est Zlatan qui me rappelle directement, je lui parle du film, de son personnage de garde du corps de César et là, il me dit cette phrase extraordinaire : « Comment César peut-il jouer le garde du corps de César ? » avant de se marrer ! En le rencontrant, j’ai compris que ce mec était non seulement très drôle mais aussi humble, adorable et touchant… Il est allé chercher en lui cette confiance qu’il affiche sur les terrains et dans les médias. Ce qui est fou, c’est que j’ai été son seul interlocuteur sur le tournage, que ce soit pour son personnage, son contrat, son planning, l’organisation de ses venues, son costume, ses cascades, etc.
Quel genre d’humour avez-vous souhaiter insuffler à l’ensemble ?
Je n’avais pas envie de faire un film à gags : pour moi, l’histoire et les personnages étaient plus importants que tout. Quand vous multipliez ce genre d’effets, vous perdez l’humain en cours de route…. Je me suis donc amusé avec des tas de petits moments décalés en veillant à ce qu’ils s’inscrivent de manière constante dans la tonalité d’un grand film d’aventures… Pourquoi a-t-on envie aujourd’hui d’aller en salle dans une période compliquée pour le cinéma ? Quand le public se déplace, c’est pour voir des choses spectaculaires. Les plateformes proposent de plus en plus de qualité, donc c’est en imaginant des productions événementielles qu’on s’en sortira. J’ai imaginé cet « Astérix » avec la volonté de soigner la lumière, les décors, les costumes, les scènes d’action, les batailles pour en faire une grande épopée cinématographique… Alors oui, ça n’empêche pas d’aller dans l’anachronisme, mais il faut le faire de manière raisonnable, au service du récit.