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« J’aime les comédies qui partent du réel » – Jérôme Commandeur

En salle le
29 juin 2022
De
Jérôme Commandeur
Avec
Jérôme Commandeur, Laetitia Dosch, Pascale Arbillot
Genre
Comédie (1 H 25)
Distributeur
Ascot Elite
Vincent Peltier, paisible employé aux « Eaux et forêts » à Limoges, est incité à démissionner à cause d’une révision des effectifs, ce qu’il souhaite le moins du monde. Une inspectrice trop zélée décide de le muter dans les pires endroits de la planète pour le pousser à renoncer.
L’humour très personnel de Jérôme Commandeur fait des étincelles dans une comédie où il incarne un fonctionnaire bien décidé à ne pas se laisser mettre dehors.
« Irréductible » est le remake de « Quo vado ? », une comédie italienne qui a attiré neuf millions de spectateurs en 2016…
Jérôme Commandeur : J’ai vu ce film à sa sortie et très vite j’ai souhaité l’adapter, avec la bénédiction des producteurs qui m’ont dit : « Si ça vous plaît, accaparez-vous le sujet, faites-en votre jardin… » Ce qui m’a intéressé, c’est de rapprocher cette histoire très italienne des préoccupations qui sont dans notre air du temps actuel ; il fallait voir comment faire passer une histoire écrite vers 2012-2013 en Italie à un récit ancré en 2022 en France. Au final, je trouve que mon film a sa spécificité : il parle du rapport aux femmes, de la mixité, des questions environnementales. Toutes ces choses qui sont devenues incontournables, essentielles en dix ans. De plus, ma mère est d’origine italienne, donc presque toutes les références présentes dans « Quo vado ? » me rappelaient ce que j’avais connu là-bas durant la dizaine d’années où j’y suis allé en vacances. Je me sentais très à l’aise, bien plus que si j’avais dû adapter un film polonais ou russe, pays pour lesquels mes attaches familiales sont à coup sûr plus lointaines.
Vous y incarnez un fonctionnaire de province très attaché à sa fonction, un personnage qui va beaucoup évoluer entre le début et la fin du film…
Vincent ressemble à beaucoup de Français dont on parle quand on évoque le « déclassement » ou ce sentiment d’être un peu perdu dans la société actuelle. Il est l’archétype de cela, au cœur d’une France éternelle un peu plan-plan : la petite ville, le clocher, le facteur qui passe, le boulot tout près de chez lui, une fiancée, une future belle- famille… Sauf que soudain, l’Administration se restructure, doit se séparer d’une partie de ses agents et lui dit : « Tu prends ton chèque et tu t’en vas. » J’aime les comédies qui partent du réel. Souvent, je parle avec des copains qui me disent : « Je ne suis pas entré dans l’histoire car je n’y ai pas cru »… Là, je suis parti de quelque chose de concret, puis j’ai décidé de jeter Vincent dans une sorte de tambour de machine à laver à partir du moment où il dit : « Ben non : moi j’ai envie de rester ! » Je trouvais ça très positif de montrer un type qui se sent valorisé par son boulot, car un travail, ce n’est pas qu’un revenu, c’est aussi un statut. Dans le film, Vincent va se retrouver face à Pascale Arbillot, qui est chargée de purger les effectifs de la fonction publique et qui, face à sa résistance, va décider de le muter dans les endroits les plus difficiles…
Le scénario s’éloigne assez vite des clichés généralement associés aux fonctionnaires…
Oui, l’histoire débute un peu à la manière des blagues de Coluche sur les fonctionnaires mais très rapidement on part sur autre chose, dans un film d’aventures qui nous emmène de la France au Groënland en passant par l’Equateur et la Suède… On peut se permettre d’explorer des styles très variés. J’aimais bien l’idée de me dire que le film allait un jour passer sur une grande chaîne en prime-time mais que je ne devais pas me priver d’y glisser deux trois trucs plus grinçants ou choquants.
Ça, c’est un peu votre « patte », non ?
Je n’en sais rien, en tout cas là je me suis vraiment régalé. Cette histoire, c’est comme un petit bout de vie quotidienne que j’aurais filmé avant de couper le son et d’y poser mes propres dialogues ! J’adore écrire ceux que j’aimerais jouer dans la vie. On aimerait tous avoir cette repartie-là, avoir dix auteurs qui bossent avec nous ! Combien de fois il m’est arrivé de partir de chez des potes et de me dire dans l’escalier : « Merde, pourquoi je lui ai pas dit ça à ce moment-là ! ». Le cinéma vous offre le temps d’anticiper ces répliques qui tombent pile au bon moment.