
En salle le
9 septembre 2020
De
Thomas Horat
Genre
Documentaire (1 h 30)
Cent cinquante ans après son anéantissement en Europe Centrale, le loup a reconquis inexorablement sa place. Son retour en Suisse a donné envie a au réalisateur de partir à la recherche de ses traces en Autriche, au Lausitz, en Pologne, en Bulgarie et au Minnesota, où les meutes de loups en liberté ne sont pas rares.
D’images superbes en témoignages édifiants, le documentariste suisse allemand Thomas Horat livre une enquête sur la résurgence des loups dans des pays où ils avaient a priori été exterminés.
Comment est venue l’idée de réaliser un film sur les loups ?
Thomas Horat : Plusieurs choses m’y ont incité. Les agriculteurs mal informés, par exemple. Dans le livre « The Crossing » de Cormac McCarthy, un éleveur de chèvres du Tessin répond à la question : « Que faites-vous quand un loup arrive ? » par : « Kalachnikov ! » Et puis, il y a trois ans, il y a eu beaucoup de rapports incendiaires dans les journaux, on parlait aussi d’extermination. Aujourd’hui, nous sommes prêts à dire que les opposants du loup parlent de réglementer et d’éliminer les loups à problèmes : il s’agit là d’une formulation beaucoup plus « modérée ». D’une manière générale, le loup gagne en acceptation.
Il y a beaucoup de protagonistes qui entrent en jeu dans le film et de nombreux lieux de tournage différents.
Oui, dès le début, l’idée était de sortir de la Suisse et d’aller vers des endroits où le loup est vu d’une manière plus détendue. Quand un loup se manifeste chez nous, c’est toujours dans le journal. C’est en Allemagne de l’Est que la population des loups croît le plus rapidement. En Autriche, nous avons des circonstances similaires et des chercheurs bienveillants. En Pologne, la surveillance y est exemplaire. En Bulgarie, qui est le pays le plus pauvre d’Europe, chaque troupeau de moutons est accompagné d’un berger. Au Minnesota, nous trouvons des gens qui vivent dans la nature avec les loups, et c’est également le seul pays des États-Unis où les loups n’étaient pas exterminés à l’époque.
Ne vouliez-vous pas apporter une note personnelle dans le film ?
Un film sur le loup est quelque chose de grave et d’essentiel, c’est pourquoi je n’ai pas eu envie d’y inclure une réflexion personnelle. Je pense que la réalisation de ce film se suffit en elle-même. Je suis parfois gêné par la façon dont certains cinéastes s’impliquent dans leurs films. À mes yeux, cela n’a de sens que s’il y a vraiment une urgence. J’aurais souhaité plus de poésie, mais il n’y avait pas de place pour cela ; de nombreuses histoires et informations issues de différents points de vue m’ont semblé mieux répondre à mon objectif.
Êtes-vous satisfait de la version finale ?
Oui, je me suis lié d’amitié avec le film. Cependant, cela ne se produit vraiment que lorsque le film touche l’autre partie : le public. Souvent, je n’aime pas tellement un film fini, mais cela peut changer si le public en décide autrement. Au début, j’ai dû lutter contre moi-même ; il est devenu plus conventionnel que je ne l’imaginais, mais il devrait quand même apporter beaucoup d’éléments pour alimenter la réflexion sur le sujet. Ce documentaire est définitivement bon pour le loup et s’intègre dans notre paysage cinématographique, il montre les deux faces d’une même réalité sans prises de position extrêmes. Cependant, pour des grands festivals, cela devient plus difficile car avec ce thème : nous sommes immédiatement casés dans le tiroir à « films environnementaux et sur la nature », bien que mon film vise plus les personnes que les animaux.
Quelle est la situation des loups en Suisse, et comment voyez-vous leur avenir ?
C’est une ère de changement. Dans dix ans seulement nous saurons faire face aux loups. Que les loups se comportent de manière dangereuse pour l’homme ou qu’ils se montrent simplement, il est important que nous puissions intervenir si des problèmes surviennent. L’avènement de prédateurs tels que le loup, le lynx et l’ours est lié avec le bon état des forêts et du gibier dont c’est l’habitat. Il s’agit d’une tendance à la hausse, tout comme l’émergence du trafic ou les changements climatiques.
