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L’ordre Des Médecins

En salle le

30 janvier 2019

De

D. Roux

Avec

J. Renier, M. Keller, Z. Hanrot

Genre

Drame (1 h 33)

Distributeur

Cineworx

Simon est un médecin aguerri, qui côtoie la mort tous les jours dans son service de pneumologie Mais quand sa mère est hospitalisée dans un état critique dans un service voisin, l’intime et le professionnel se télescopent.

S.O.S. émotion

Plongée dans l’univers hospitalier, face à face avec la mort… Pourtant, « L’Ordre des médecins » est tout sauf un film plombant. Son réalisateur David Roux vous explique pourquoi.

« L’Ordre des médecins » s’ouvre sur une scène qui nous plonge d’emblée dans la réalité du quotidien de l’hôpital…

David Roux : Ce premier plan fixe, je l’ai pensé comme une sorte de prologue thématique où la réalité de ce monde s’impose de façon très directe et très prosaïque : l’hôpital est un univers où la mort est une question quotidienne. Je viens d’une famille de médecins, mes deux parents étaient chefs de service et quand j’allais à l’hôpital enfant, contrairement à la plupart des gens, c’était pour moi un endroit familier très chaleureux. Ce sentiment est à l’origine de ce film : le milieu hospitalier a beaucoup été montré dans les films et les séries, mais je n’y ai jamais retrouvé la vision que j’ai expérimentée enfant.

Comment avez-vous abordé l’écriture de cette réalité?

Mon frère aîné est médecin pneumologue en soins intensifs. Je l’ai suivi dans son travail, quelques jours : je mettais une blouse blanche qui me permettait de me fondre dans le décor, et je l’accompagnais partout. C’est fou, une journée dans un hôpital. Les médecins, tout comme les autres soignants, sont en permanence confrontés à des situations que nous jugerions aiguës, graves et insolubles. Mais eux, c’est leur quotidien. On comprend très vite pourquoi leur métier induit une certaine distance : elle est nécessaire pour rester lucide, pour prendre les bonnes décisions, pour exercer ce métier correctement.
Mais je ne voulais pas faire un film réaliste pour autant : la justesse de la reconstitution était un impératif pour que, sur ce socle, une fiction plus intime puisse se déployer.

Justement, très vite, l’intime s’invite dans ce réel hospitalier et vient briser cette distance et bousculer
le professionnalisme de Simon, le personnage principal…

Le film est directement inspiré de la période où ma mère était malade. Certains moments très précis ont été décisifs dans la genèse du projet. Celui par exemple où, alors que notre propre mère était hospitalisée dans un état critique, mon frère avait dû annoncer un cancer à une patiente à peu près du même âge. Alors qu’il faisait ça tous les jours, tout d’un coup, dans cette situation, avec notre mère si mal en point, ce n’était plus pareil. Il y avait là, dans ce choc entre le professionnel et l’intime, quelque chose d’abyssal. Je me suis dit que c’était peut-être la matière pour un film. Mais je n’ai commencé à écrire à proprement parler que deux ans plus tard. Et j’ai alors beaucoup louvoyé. Les thématiques étaient déjà là mais les personnages de Simon et de sa mère étaient très secondaires. C’était Agathe, la jeune interne qui était le personnage principal et c’est à travers son regard que l’on suivait de loin les affres de Simon avec sa mère.

Le film est très émouvant mais on ne se sent pas pris en otage par une urgence autobiographique…

A l’écriture, puis ensuite au tournage et au montage, je me suis beaucoup posé la question de la distance et de la pudeur. Cette histoire a beau puiser dans une expérience très personnelle, elle soulève des interrogations auxquelles on est tous confrontés un jour ou l’autre, et je voulais que le spectateur puisse investir le film comme il le veut, sans lui imposer un sentiment ou des jugements. Je voulais que le film accompagne le parcours de Simon, qu’il y ait presque une dimension métaphysique dans ce qu’il traverse. Pour ça, il fallait laisser des choses ouvertes, ne pas chercher à savoir ou à imposer des choses que lui-même ne savait pas. Et je voulais aussi essayer de savoir ce qu’il se passait dans les « temps faibles » : contrairement à ce que montrent beaucoup le cinéma et les séries, la vie à l’hôpital, c’est énormément d’attente et peu d’actions héroïques. Tu fais de la paperasse, tu traverses de longs couloirs, tu marches beaucoup. C’est laborieux et terre-à-terre, le rapport à la mort est partout et tout le temps, jusque dans ces interstices. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On raconte des blagues bien grasses, on fait le point sur ce qu’il est possible de faire ou pas, on s’occupe comme on peut… Mais c’est aussi dans ces moments que les sentiments infusent et se déploient. Cette matière-là me passionne.

Qu’est-ce qui vous a décidé à être parfois plus frontal ?

J’ai écrit ce film dans le cadre de l’Atelier Scénario de La Fémis. Ce sont Nadine Lamari, mon encadrante, et mes camarades là-bas qui m’ont poussé à admettre quel était vraiment le sujet du scénario. Dès lors qu’il était clair que je devais écrire sur la mort de ma mère, j’ai pu enfin accueillir toute cette matière très personnelle dans le film. Et cela a été libérateur. Tenir à distance l’histoire intime me demandait beaucoup plus d’effort que de m’y plonger. Finalement, ma mère, mon frère et énormément de détails de ma famille et de mon entourage se sont progressivement invités dans le film. Mais d’une façon très naturelle, et presque assez joyeuse. Et évidemment, en termes dramaturgiques, tout l’aspect plus quotidien, plus chronique du projet a enfin été mis sous tension. J’ai l’impression aujourd’hui que plus qu’un film sur l’hôpital, « L’Ordre des médecins » est devenu un film sur la famille.

Le réalisateur David Roux