
En salle le
12 décembre 2018
De
HIROKAZU KORE-EDA
Avec
LILY FRANKY, SAKURA ANDÔ, MAYU MATSUOKA
Genre
Drame (2h01)
Distributeur
Cineworx
Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille désœuvrée. D’abord réticente, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. La Palme d’Or 2018.
Une belle Palme d’or
Triomphateur du dernier Festival de Cannes, le nouveau film du géant Hirokazu Kore-Eda dépeint la société japonaise avec une immense sensibilité.
Vous vous êtes lancé dans ce projet parce que vous avez entendu parler de familles touchant illégalement la pension de retraite de leurs parents qui étaient morts depuis longtemps…
Hirokazu Kore-Eda : La première chose qui me soit venue en tête a été cette phrase : « Seul le crime nous a réunis. » Au Japon, les fraudes à l’assurance-retraite et les parents qui obligent leurs enfants à voler sont sévèrement fustigés. Bien entendu, il est légitime de vilipender les auteurs de tels actes, mais je me demande pourquoi on se met en colère pour des délits aussi insignifiants alors qu’il y a des milliers de criminels qui commettent des actes beaucoup plus graves en toute impunité. Depuis le tremblement de terre de 2011, je m’interroge sur ceux qui répètent sans cesse que les liens familiaux sont importants. Et j’ai donc eu envie d’explorer la nature de ces rapports en m’intéressant à une famille liée par des délits.
Comment l’histoire s’est-elle construite ?
Certains enjeux de l’intrigue étaient en place dès le départ et d’autres se sont développés après le casting. Du coup, le film est ponctué de réflexions qui me traversent l’esprit depuis dix ans. C’est l’histoire d’une famille, l’histoire d’un homme qui tente d’assumer son rôle de père et, plus encore, le récit initiatique d’un jeune garçon.
La famille très modeste du film rappelle celle de « Nobody knows ». Y a-t-il une parenté entre ces deux films ?
Oui, dans la mesure où ce film s’attache de près à une famille qui a fait la une des journaux. Je ne souhaitais pas parler d’une famille pauvre, se situant en bas de l’échelle sociale. Je crois plutôt que les membres de la famille se réfugient dans cette maison pour ne pas s’effondrer. Je voulais donc jeter un éclairage différent sur une famille dysfonctionnelle.
Vers la fin, on est bouleversé par l’explosion de la famille. On n’avait pas vu une telle colère à l’égard de la société dans vos derniers films…
C’est vrai, sans doute pas depuis « Nobody knows ». Je crois que c’est la colère qui, pour ce film, a été le sentiment moteur. Depuis « Still walking », j’ai adopté un regard plus intime, et quand j’ai terminé « Après la tempête », j’ai cherché, au contraire, à m’intéresser de nouveau à un point de vue plus large sur la société et à moins m’inscrire dans une forme d’approche intimiste. On pourrait dire, en un sens, que je reviens à mes débuts.